
Il reçoit dès le 22 décembre 1913 une lettre de la Compagnie Bordes lui proposant d’être Second sur le trois-mâts barque « Gers », trois mâts barque en acier de 2137 tjb, construit en 1885 à Belfast pour S. Lawther sous le nom de Queen’s Island.
Le 3 janvier 1914 la Compagnie lui demande de rallier le bateau à North Shields. Lanneau le rallie le 6 janvier en passant par Dieppe, Newhaven, Londres et Newcastle.
Le 13 janvier le « Gers » chargé en charbon part de North-Shields pour le Chili pour son 10ème voyage avec Auguste Mal comme Capitaine. Le 16 janvier le bateau est à la hauteur du Havre et Toussaint peut encore écrire une lettre où il écrit : « il est inutile de compter d’embarquer dans une autre compagnie ; on a quelques avantages, il faut donc se résigner à rester dans la maison Bordes. Nous sommes certainement privés de la joie de s’embrasser souvent et même de se donner mutuellement des nouvelles mais cela ne fait qu’augmenter notre bonheur quand nous nous retrouvons …… »
Le 1 février Jeanne écrit qu’elle est de nouveau enceinte.
Le 6 mars 1914 Jeanne achète un monument funéraire en Kersanton à Trémel pour la tombe de sa mère.
12ème passage du Cap Horn. Il arrive à Valparaiso le 1 avril. Il y décharge 2000 tonnes de charbon et charge de l’orge et du foin. Le 15 avril Le capitaine Auguste Mal est remplacé par Emile Berthou. Auguste Mal doit prendre le commandement du Marthe, mais finalement il prendra le commandement de l’Adolphe à Iquique.
Le bateau repart de Valparaiso le 1 mai. Il arrive à Iquique le 10 mai. Il y décharge son orge et son foin et le reste de charbon et il charge du nitrate.
Toussaint qui a reçu les lettres de Jeanne lui recommande la prudence et souhaite qu’elle quitte sans tarder les Rosmorduc. Il espère arriver près d’elle avant la naissance.
Le bateau repart d’Iquique le 30 mai 1914. 13ème passage du Cap Horn. Le « Gers » rejoint Falmouth, puis Brest le 9 septembre 1914. Il est désinfecté parce qu’il y a eu des malades à Iquique. Le Commandant fait un certificat élogieux pour Toussaint Lanneau. Celui-ci passe quelques jours avec Jeanne.
Le « Gers » est désarmé et mouillé à Landévennec le 16 septembre 1914. C’est Toussaint Lanneau et le Lieutenant Josse qui se relaient pour sa surveillance.

Toussaint rejoint Jeanne vers la fin septembre et est auprès d’elle au moment de la naissance de Marcel le 10 octobre. Il rejoindra le Gers au début novembre et reviendra près de Jeanne pour deux jours le 14 novembre. Au début de janvier Toussaint est sur le bateau avec sa fille Yvonne qui a beaucoup de plaisir. Fin janvier Toussaint rentre à Trémel.
Le 13 février 1915, La Compagnie Bordes lui demande de rejoindre le « Gers » comme Second (11ème voyage) avec comme Commandant Joseph Ollivier. Le « Gers » arrive à Brest le 20 février.

Le « Gers » quitte Brest le 28 février en remorque pour Granville où il arrive le 2 mars. Après quelques travaux d’entretien (chargement de voiles le 20 mars, chargement de câbles électriques), il part de Granville pour le Chili le 20 mai 1915.

Pendant cette période Toussaint demande plusieurs fois à Jeanne de venir le rejoindre à Granville. mais celle-ci lui répond que ce voyage lui est difficile à cause des enfants et du service aux Rosmorduc. Finalement Toussaint viendra à Trémel du 14 au 22 mars, puis du 24 au 26 avril. Leurs lettres parlent de l’achat de maisons et de travaux sur ces maisons, de l’achat d’une montre, d’un héritage d’une tante Jorand et d’un héritage à Kerharo. Jeanne se plaint d’une des employés des Rosmorduc qui répand le bruit que Toussaint n’est pas le père de Marcel. Les blessés et les morts à la guerre sont nombreux et les deux fils des Rosmorduc sont blessés ; Tanguy assez gravement est à l’hôpital d’Orléans et Henri mourra de ses blessures.
Au départ de Granville ils sont escortés par des navires de guerre. Le 22 mai ils sont au large d’Ouessant et ne craignent plus les sous-marins.
Le 6 juin le matelot Bailleul meurt à bord. 15ème passage du Cap Horn. Il arrive au Chili le 8 septembre pour le salpêtre et en repart le 30 septembre, mais avec la guerre la destination n’est pas décidée. 16ème passage du Cap Horn. Le bateau arrive à Rochefort avant le 22 janvier 1916. Jeanne et Toussaint se retrouvent quelques jours à Nantes, sans doute chez François-Marie. Puis ils séjournent à Trémel jusqu’à la fin février.
Fin février, Toussaint rejoint le Gers à Rochefort.

Le 6 mars 1916 le bateau part de Rochefort pour le Chili (12ème voyage). 18ème passage du Cap Horn. Il passe à Taltal (200 km au sud d’Antofagasta) le 24 mai et arrive à Iquique le 30 mai 1916.

Leurs lettres indiquent que les parents de Toussaint sont malades, qu’Yvonne est première ou seconde dans sa classe. Jeanne s’inquiète de voir que beaucoup de bateaux ont été torpillés. Il y a beaucoup de victimes de la guerre. Yvonne parle de Loro, sans doute un petit chien, qui a mordu Léonie. Toussaint exprime à plusieurs reprises un conflit avec la compagnie Bordes.
Le bateau repart le 16 juin d’Iquique. 19ème passage du Cap Horn. Il arrive à Nantes au début de septembre (des voiles sont arrimées dans le bateau le 6 septembre). Toussaint rejoint sa famille jusqu’au 15 octobre 1916, date à laquelle il rejoint le Gers à Nantes. Le conflit avec la compagnie Bordes semble résolu.
Le 10 novembre 1916 le « Gers » repart de Nantes pour le Chili (13ème voyage) ; Toussaint n’a pas pu envoyer de lettre car le remorqueur les a lâché sans un arrêt. Jeanne est donc sans nouvelles fraiches. Il sont arraisonnés par un bateau anglais sans conséquence. Grosse tempête au large du cap Finistère. 19ème passage du Cap Horn le 14 janvier. Arrivée à Taltal le 1er Février puis à Iquique le 6 février.
Jeanne lui écrit que ses enfants ont eu la rougeole et que les parents de Toussaint sont malades. Ils habitent maintenant Kerniet et Jeanne achète un lit à la mère de Toussaint. Toussaint une fois de plus insiste pour qu’elle quitte les Rosmorduc.
Fin février 1917 le Gers repart du Chili, 20ème passage du Cap Horn, arrivée à Nantes le 5 juin 1917. Toussaint Lanneau, malade, obtient quatre jours de repos. le 6 juin 1917 il va de Nantes à Trémel.
Il apprend que l’« Aconcagua » a été coulé par un sous-marin allemand en février 1917.