Le brevet de Capitaine au long cours

En quittant le Madeleine le 19 février 1910 Toussaint interrompt ses navigations pour préparer le brevet de Capitaine au long cours. Il rejoint alors sa famille et ils vivent sans doute à Trémel jusqu’en juillet 1910.

Huttes de sabotiers à Trémel vers 1910

Le 20 juillet Toussaint va à Saint Brieuc pour suivre des cours. Il écrit à Jeanne qu’il cherche un logement mais il hésite entre un petit appartement où il pourrait facilement vivre en famille et une chambre. Finalement il choisit une simple chambre 6 rue d’Orléans car Jeanne ne peut pas facilement le rejoindre. Elle travaille à Coatromac’h. Finalement ils ne se retrouvent que le 12 aout et passent 3 jours ensemble à Coatromac’h. Ils se retrouvent de nouveau le 20 aout pour quelques jours puis de nouveau le 17 septembre puis le 7 octobre, le 29 octobre et enfin le 1 décembre 1910. Leurs lettres montrent que Jeanne est un peu dépressive. Voici ce qu’elle écrit le 22 septembre : « Mon cher aimé depuis ton départ je trouve le temps il me semble qu’il y a un mois depuis que tu me dis de ne pas être si triste à ton départ surtout devant Yvonne ; non, mon petit, si c’était possible de faire autrement mais plus je vais plus je trouve dur d’être séparés. Il faut espérer qu’après l’examen nous aurons le bonheur de passer quelques jours heureux ensemble. Le lendemain de ton départ Yvonne te demandait tu comprends que cela me faisait du mal. »

Le 15 octobre 1910 un examen médical d’un médecin de Saint-Brieuc le déclare exempt de daltonisme. Il est en fait daltonien mais ses réponses un peu hasardeuses ont trompé le médecin. Dans la pratique cela ne le gênera nullement dans son métier. Le 6 décembre Toussaint passe son examen à Paris. Il est reçu à l’écrit mais collé à l’oral ainsi que la plupart des candidats ; il devra repasser l’oral en février.

Il rentre à Trémel le 10 décembre et en repart le 17 janvier pour reprendre ses cours à Saint Brieuc. le 30 janvier 1911, le 1 et le 2 Février il passe un écrit d’examen pour la marine marchande auquel il sera reçu.

Il rentre à Trémel le 3 février et en repart le 15 février. Il passera quelques jours avec Jeanne le 14 mars. Il passe son examen à Saint-Brieuc entre le 27 et le 30 mars. Il est reçu à cet examen et obtient le brevet de Capitaine au long cours le 1er avril 1911. Il peut prétendre désormais être Second. Il est inscrit maritime à Lannion comme Capitaine au long cours avec le N° 41, à partir du 20 juin 1911.

Toussaint rentre à Trémel le 1 avril et Jeanne et lui vivent à Coatromac’h jusqu’au 11 avril.

Le 11 avril, Jeanne à la demande de ses patrons part pour Paris 6 avenue Matignon pour apporter des soins à Madame Rosmorduc qui est gravement malade (elle reçoit des piqures de morphine). En fait Jeanne sera parfois aussi la cuisinière et fera le service à table. Pendant ce séjour à Paris elle écrit de très nombreuses lettres à Toussaint : 28 lettres faisant souvent 2 grandes pages. Elle se plaint de ses conditions de travail, parfois de sa santé ; par exemple le 12 avril Jeanne tombe en syncope dans la chambre de sa patronne. Elle parle de la maladie de Madame et de la vie dans la maisonnée. Elle parle de ses relations amoureuses avec Toussaint. Toussaint répond à ses lettres mais ces lettres ont disparues, sans doute parce qu’elle les détruisait pour qu’elles ne tombent pas dans des mains indiscrètes à Paris.

Le 11 avril, au départ de Jeanne, Toussaint prend Yvonne en charge à Coatromac’h. Mais le 17 avril Toussaint part à Nantes sur l’Aconcagua. Il est en fait choisi comme second par le Capitaine de ce bateau, Lamandé, avec lequel il a déjà navigué sur le Madeleine et celui-ci lui demande de rejoindre le bord pour qu’il puisse aller dans sa famille. Il laisse Yvonne aux parents de Jeanne à Convenant Prat.

Madame Rosmorduc se fait finalement opérée le 30 mai et elle décède le 3 juin. Pendant cette période Jeanne ne peut quitter Paris et elle ne partira que le 23 juin 1911 pour rejoindre Toussaint à Nantes sur l’Aconcagua. Sa fille Yvonne est encore chez les parents de Jeanne à Convenant Prat ; mais Jeanne en reçoit très peu de nouvelles et s’inquiète beaucoup à son sujet.