
A son arrivée sur l’Aconcagua à Nantes Toussaint participe au déchargement de plus de 19.000 sacs de nitrate et aux petites réparations du bateau. Jeanne vient le rejoindre le 23 juin et en repart le 3 juillet.

Le bateau part de Nantes le 7 juillet 1911 pour Port Talbot. Il y arrive le 13 juillet. Il en repartira le 3 aout pour le Chili.

Les courriers de Jeanne reprennent dès le 10 juillet. Elle raconte ses difficultés avec ses parents et sa soeur Caroline, mais se félicite de l’intelligence de sa fille Yvonne. Elle redit sa hâte de le revoir et elle se précipitera à Nantes dès qu’il sera là.
Après un 7ème passage au cap Horn, Toussaint arrive à Iquique le 2 décembre 1911. Au retour, un 8ème passage du cap Horn et une arrivée à Dunkerque le 28 avril 1912. Pendant cette période Jeanne lui écrit dès le 10 septembre. Elle travaille toujours à Coatromac’h. Elle raconte qu’elle parle tout le temps de Toussaint et que les autres s’en amusent. Elle envisage l’achat d’une maison. Les désaccords familiaux semblent s’atténuer. Elle échange des lettres avec Madame Lamandé, la femme du capitaine.
Dès la fin avril 1912 Toussaint rejoint Jeanne à Trémel et y reste jusqu’au 10 mai.
L’Aconcagua repart de Dunkerque le 11 mai 1912. Il charge du charbon à Port Talbot du 14 mai au 26 mai 1912.
Le 13 mai Jeanne écrit à Toussaint qu’elle pense être enceinte.
Il passe le Cap Horn (9ème passage) le 28 juillet et arrive à Iquique le 22 août 1912.
Toussaint reçoit alors une lettre de Jeanne lui disant qu’elle n’est pas enceinte. Elle parle aussi d’Yvonne dans des termes très positifs. Elle envisage d’acheter une bicyclette.
Après avoir déchargé le charbon et chargé du nitrate, l’Aconcagua repart d’Iquique le 29 septembre. Le 2 octobre il masque et sa roue est arrachée. Il passe le Cap Horn (10ème passage) et arrive à Nantes le 13 janvier 1913 (après peut-être une escale en Angleterre).
Une polémique se déclenche alors entre Toussaint et la compagnie Bordes au sujet de son salaire. Il obtient finalement des gratifications qui le satisfont.
Aussitôt arrivé Toussaint va sans doute rejoindre Jeanne à Trémel . Mais il est rappelé sur le bateau dès le début février 1913 pour finir le déchargement et préparer le départ. Jeanne viendra assister au départ mais elle est très déçue car elle ne pourra même pas lui parler.
L’Aconcagua repart de Nantes, avec Auguste Mal comme Capitaine, le 10 février 1913. Le 18 février il est abordé par un vapeur espagnol en Manche. Voilà ce qu’en dit Toussaint : « . Il est inutile de vous parler de notre abordage et des six longs jours qui le suivirent pendant lesquels nous ne cessâmes de faire des signaux de détresse sans que personne ne vienne nous porter secours. Un vapeur autrichien nous a bien assisté une journée en nous remorquant vers la terre, mais la fatalité nous suivait, et il a été obligé de nous abandonner par suite d’une avarie de machine. Enfin, après quelques moments de désespoir, nous avons réussi à gagner la terre et à aller au mouillage à St Ives, d’où un remorqueur nous a envoyés à Port Talbot. Le vapeur qui nous a abordés est espagnol et a coulé aussitôt la collision, d’après ce que nous avons appris en arrivant ici ; car dans la nuit nous ne l’avons pas vu et il ne nous a fait aucun signal. Son équipage a été recueilli le lendemain par un vapeur anglais. Heureusement pour eux qu’ils ont eu le temps de se sauver dans les embarcations, mais ceux qui étaient couchés n’ont pas eu le temps de s’habiller. Enfin, l’essentiel est que tout le monde a été sauvé sain et sauf. L’Aconcagua, qui a tout son avant crevé, fait ses réparations dans ce port. Il n’aura guère terminé avant la fin du mois. La gravité des avaries me faisait penser que la Compagnie ne l’aurait pas réparé, mais elle ne pouvait non plus le vendre dans l’état où il se trouvait. »
Le vapeur autrichien est le « Szeded ». L’Aconcagua rejoint Saint-Ives par ses propres moyens le 23 février 1913. Il est remorqué le 25 février par le Dragon et arrive à Port Talbot le 26 février. Il est mis en cale sèche le 28 février. Dans la nuit du 7 mars les amarres cassent à la suite d’un gros grain et l’« Aconcagua » manque de chavirer. Il sort de cale sèche le 15 avril.
Les lettres reprennent pendant que l’Aconcagua est à port Talbot. Jeanne parle du désarroi d’Yvonne : « La chère petite réclame son papa ; figure-toi que l’autre jour je suis arrivée dans sa chambre voyant qu’elle pleurait je lui ai demande ce qu’elle avait ; j’ai du chagrin de voir papa parti. En effet chéri c’est dur d’être séparé ; il ne faut même pas y penser aussi chéri je suis heureuse d’avoir de l’occupation plus que je ne peux en faire. » Elle demande à Toussaint de lui donner plus souvent son avis, en particulier sur l’éducation d’Yvonne ; mais celui-ci la laisse libre de décider. Toussaint reparle de l’abordage : » C’est certainement le vapeur qui est en faute parce qu’on ne veillait pas à son bord au moment de l’abordage. De notre bord on le voyait depuis un quart d’heure avant qu’il nous aborde, mais comme nous n’avions pas à nous déranger et que du vapeur on nous a vu trop tard, la collision était inévitable. J’étais couché au moment de l’abordage et le choc m’a naturellement réveillé. Le capitaine a sauté à ma porte en me disant que nous étions abordé ; tu parles si j’ai bondi de ma couchette sans même m’habiller pour me rendre compte de l’avarie. Mais si je suis sorti déshabillé ce jour là, les jour suivants aussi je restais continuellement habillé. Enfin chérie toute cette misère est passée et espérons nous revoir bientôt si le navire est condamné et sinon embrasse bien fort la petite Yvonne pour moi en attendant l’heureux moment de nous retrouver tous les deux ». Jeanne espère un moment que, avec l’immobilisation du bateau, Toussaint reviendra bientôt la voir. Mais ce ne sera pas le cas. Elle regrettera de na pas avoir été à Port Talbot rejoindre Toussaint.
Le 16 mars la mère de Jeanne meurt, mais Toussaint ne pourra pas venir.
Le 1er mai 1913 l’Aconcagua quitte Port Talbot (11ème passage du Cap Horn le 4 juillet) pour le Chili et arrive à Mejillones le 31 juillet 1913. Pour le déchargement le bateau est équipé d’un treuil avec un moteur à pétrole appelé la pétrolette. Celui-ci tombera en panne et sera déchargé pour réparation puis rechargé sur l’Adolphe.
Jeanne lui écrit qu’elle a acheté une bicyclette. Elle parle de la vente de Convenant Prat la ferme où habitait ses parents.
Le 11 septembre l’Aconcagua part de Port Talbot et passe le Cap Horn (12ème passage le 1er octobre) après un coup de vent. Il arrive à Falmouth le 30 novembre 1913 et en repart le 6 décembre. Il mouille en rade des Charpentiers le 10 décembre et entre à Nantes le 13 décembre 1913.
Toussaint rejoint aussitôt son épouse à Trémel.